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AG Unaf 2022 – discours de la Présidente de l’Unaf : « Merci encore pour votre mobilisation pour les familles et pour ceux qui en ont le plus besoin »

A l'occasion de son Assemblée Générale qui s'est tenue à Rodez les 25 et 26 juin 2022, la Présidente de l'Unaf, s'est adressée aux responsables des unions d'associations familiales, des représentants familiaux et des associations familiales venus de Métropole et d’Outre-Mer.

Suite des législatives, pouvoir d’achat des familles avec la hausse de l’inflation, conséquence de la pandémie impactant le champ médico-social et social… retrouvez en ligne, le discours de la Présidente de l’Unaf.

Mesdames et messieurs les élus,
Madame la sous-préfète,
Mes chers amis,

Notre Assemblée Générale annuelle se déroule dans un contexte particulier, cumulant trois incertitudes :

D’abord sur le plan politique et des institutions.

Les élections de dimanche dernier ont ouvert une période inédite où de nouveaux équilibres devront être trouvés pour adopter des mesures législatives.

A l’issue de sa réélection, le Président de la République avait annoncé vouloir changer de méthode en passant par davantage de concertation avec les corps intermédiaires. Elle prend la forme   d’un « Conseil national de la refondation » auquel l’Unaf a été invitée à participer, aux côtés des principaux syndicats de salariés et d’employeurs et de quelques associations. Notre présence dans cette instance limitée à 40 membres, est une reconnaissance pour l’Unaf et son réseau. C’est le fruit de notre travail commun pour une meilleure prise en compte des familles.

Je devais participer à son installation à l’Elysée, pour échanger sur les futures mesures de pouvoir d’achat, mais la séance a été reportée en raison des évènements politiques. Avec ou sans ce Conseil, nous travaillerons avec tous les ministres dont les champs d’action ont des conséquences sur la vie des familles.

Un nouveau Gouvernement sera constitué dans les jours prochains. Nous sommes intervenus pour qu’il intègre un ministère ou un secrétariat d’Etat dédié aux familles. L’expérience montre combien il est important de disposer d’un interlocuteur spécifique sur les questions familiales. C’est une garantie que le sujet de la famille soit porté politiquement. Rappelons-nous ce que nous avons obtenu lors de la précédente mandature : l’extension du congé de paternité, le retour à une conférence annuelle des familles après 15 ans d’absence, une amélioration du congé proche aidant, ou encore la réactivation d’une cérémonie de remise de médaille des familles à l’Elysée.

Aujourd’hui la priorité des familles portent sur leur pouvoir d’achat, face à l’inflation nourrie par la guerre en Ukraine.

Je tiens d’abord à saluer la solidarité des familles en France pour les familles venues d’Ukraine, et le dévouement des Udaf et des associations familiales pour faciliter leur accueil.

Sur le plan économique, ce conflit entraîne une vague d’inflation sans précédent depuis 30 ans. Elle frappe directement le quotidien des familles. Boucler ses fins de mois, rogner sur son budget, revoir à la baisse ses projets : c’est la préoccupation d’une grande partie des Français, et particulièrement de ceux qui ont charge d’enfants. Le soutien au pouvoir d’achat des familles est plus que jamais, une priorité.

Grâce aux budgets-type de l’Unaf, nous constatons, depuis plusieurs mois, l’explosion du coût de la vie pour toutes les familles avec enfant à charge. Son impact augmente selon le nombre et l’âge des enfants.

Ainsi, entre avril 2022 et avril 2021 :

Tous les postes de dépenses augmentent, dont celui du logement. C’est la première dépense des familles, et donc leur première inquiétude.

Cette hausse intervient dans un secteur déjà fragilisé :

Nous avons rencontré cette semaine le cabinet du ministre de l’économie, Bruno LE MAIRE. Nous avons échangé sur les risques d’augmentation forte des loyers dans les mois qui viennent, puisque l’IRL – l’indice de référence des loyers – est actuellement indexé sur l’inflation.

Nous avons besoin de données de terrain sur les difficultés des familles à payer leurs loyers ou à accéder à la propriété. N’hésitez pas à nous faire remonter des éléments issus de l’analyse de vos services.

Pour les charges d’énergie, nous avons obtenu en février, avec d’autres associations, l’extension du bouclier tarifaire à l’ensemble des ménages.

L’augmentation des salaires et des primes – si elle intervient – ne suffira pas à compenser les surcoûts subis par les familles qui ont charge d’enfants.

C’est pourquoi, dans un communiqué de presse publié il y a un mois, nous avons réclamé la « familialisation » des aides à venir. Nous avons été entendus puisque la Première Ministre, Elisabeth BORNE, a annoncé qu’elle prendrait en compte la présence et le nombre d’enfants pour le calcul des mesures de soutien, dans le cadre d’un futur projet de loi sur le pouvoir d’achat.

Mais les aides ponctuelles et ciblées ne suffiront pas. L’inflation touche toutes les dépenses. Elle concerne l’ensemble des familles. Son intensité varie selon leur situation, et pas seulement selon leurs ressources. Le lieu de résidence, les contraintes de transport, les charges liées au logement, sont différentes d’une famille à une autre.

Ces hausses vont se poursuivre dans le temps. Il faut donc apporter des réponses globales et durables.

L’une d’entre-elle passe par une revalorisation immédiate de toutes les prestations familiales, au même titre que pour les retraites et les minima sociaux. Il faudra sans doute encore les ré-augmenter si l’inflation poursuit sa progression.

Cette mesure peut être financée par la branche famille. Les excédents qu’elle dégage, permettent aussi d’investir dans une politique familiale plus ambitieuse.

Le programme du Président de la République comprend la création d’un « service public de la petite enfance ». Suite à la saisine du gouvernement, j’ai co-rapporté l’avis du CESE sur ce sujet : nous sommes donc très bien placés pour travailler sur ce dossier. Il s’agit de construire un droit garanti à un accueil du jeune enfant, à un prix raisonnable, et ouvrant droit à une indemnisation en cas d’absence de de solution.

Nous avons hâte d’entamer les discussions avec le gouvernement sur ce chantier d’envergure qui doit être élaboré en lien étroit avec les collectivités locales et la branche Famille.

Dans les territoires, votre participation aux comités départementaux des services aux familles est essentielle pour porter les difficultés des familles pour trouver un mode d’accueil. Les schémas départementaux doivent être adoptés au plus tard le 1Er septembre 2022 : ils serviront de cadre pour bâtir cette garantie d’accueil.

La renégociation autour de la future COG Etat – CNAF est propice à réfléchir sur l’action de la branche famille pour les 5 ans à venir.  En lien avec les représentants de notre réseau dans les CAF, nous allons travailler à définir des priorités que nous proposerons dans ce cadre.

Le contexte est aussi – et encore – celui de la crise sanitaire, dont les conséquences s’inscrivent dans la durée.

D’abord, nous pouvons saluer la capacité d’adaptation des familles, et celle de l’ensemble du mouvement familial. Avec des vagues successives de pandémie – comme c’est le cas actuellement – la situation sanitaire reste fragile. Durant ces deux dernières années, nos systèmes de protection sociale ont joué leur rôle d’amortisseur. Mais les déficits publics se sont considérablement accrus, rendant plus étroites les marges de manœuvre.

Et pourtant les besoins de dépenses publiques restent considérables, particulièrement dans le secteur sanitaire et social, sans compter les investissements nécessaires face au dérèglement du climat.

La transition démographique est – avec la transition écologique – l’une des grandes mutations que notre société va affronter. Si le vieillissement est associé à une progression de l’espérance de vie, il se traduit aussi par des situations plus nombreuses de perte d’autonomie. Or ce sont les familles qui sont en première ligne pour y faire face.

La création de la 5ème branche a permis à l’Unaf d’intégrer le conseil de la CNSA : nous participerons désormais de façon officielle à ses travaux pour mieux accompagner les personnes et leurs familles. Ce sujet est un tel enjeu que nous avons choisi de le prendre comme thème de notre AG.

La crise sanitaire a accentué les difficultés des établissements et des services qui étaient déjà très fragilisés. EHPAD, services d’aide à domicile, crèches, services sociaux, mandataires : la liste est longue des métiers gravement touchés par les pénuries de personnels, avec des conséquences négatives pour les familles, pour leurs enfants et pour leurs proches.

Notre réseau n’est pas épargné par cette problématique.  

Lors de la conférence des métiers de l’accompagnement du 18 février, le gouvernement a annoncé la mise en place d’une indemnité mensuelle pour certains métiers socioéducatifs, d’un montant mensuel de 183€ net. Les acteurs présents – notamment les fédérations d’employeurs – ont salué ces mesures de manière très positive.

Pour sa part, l’Unaf a agi sans tapage mais avec efficacité, auprès des personnes en charge de préparer le contenu de cette conférence.

Notre réseau Unaf-Udaf, avait ciblé ses demandes sur une meilleure reconnaissance et une revalorisation salariale des mandataires à la PJM, dans un plaidoyer à l’appui d’une étude d’impact sur la PJM, que vous avez largement relayée.

Nous avons obtenu l’intégration des mandataires à la protection juridique des majeurs dans le périmètre des bénéficiaires, ainsi que les délégués aux prestations familiales. Nous avons obtenu que les professionnels encadrant ces salariés soient aussi inclus. Si l’Unaf n’avait pas agi, les professionnels de la PJM et les Délégués aux prestations familiales, auraient été oubliés, parce qu’ils sont peu nombreux par rapport à l’ensemble des salariés du secteur social et médico-social.

Pour concrétiser les annonces de cette conférence, un accord entre partenaires sociaux a été conclu le 2 mai, avec une liste de métiers et de services concernés par cette mesure. Agréé par l’Etat, il a été publié au JO cette semaine. La revalorisation doit intervenir avec effet rétroactif au 1er avril.

Pour notre réseau, à ce stade, cette revalorisation devrait concerner environ 3 000 salariés.

Malgré cela, vous êtes confrontés à des pressions très fortes et à un climat social qui se détériore, face à une mesure qui ne concerne pas tous vos services et pas tous vos professionnels.

Alors, comment aller plus loin ?

Premièrement, le périmètre des services aux personnes accompagnées, bénéficiaires de cette indemnité mensuelle, doit être mieux défini.

Les listes de l’accord du 2 mai étant mentionnées comme « non exhaustives », nous avons relancé la DGCS en demandant d’y inclure les services financés par l’Etat, qui ne sont pas dans la liste. C’est le cas par exemple des PCB.  

Deuxièmement, notre réseau gère des dispositifs de service aux familles, qui sont financés par des conseils départementaux, des communes, des CAF. 

Les professionnels socio-éducatifs de ces services ont, de notre point de vue, autant de légitimité que ceux des autres services, à bénéficier d’une revalorisation salariale. Ils ont souvent fait la même formation initiale, détiennent les mêmes diplômes et sont en contact direct avec des publics qu’ils accompagnent. Il n’y a pas de raison de les écarter.

Au-delà de cette mesure ponctuelle de revalorisation, il faut de notre point de vue, apporter des réponses de fond.

Concrètement, pour trouver des solutions, nous tablons sur les travaux du « Comité de filière petite enfance » auquel l’Unaf participe, en lien avec les Udaf. Il est présidé par Mme LAITHIER, de l’Association des maires de France. Ce comité est chargé de mettre en place une gestion prévisionnelle territoriale et nationale partagée des emplois et des compétences.

L’objectif est aussi de travailler sur les questions de rémunération et de parcours de carrière.

Bien conscient de ces difficultés, l’Etat a initié un comité de filière à l’image de celui sur la petite enfance. Nous serons donc – avec l’aide d’Udaf – porteurs de propositions au sein de ce comité.

Sans attendre, nous avons saisi l’Etat avec les fédérations représentatives de la médiation familiale et des espaces de rencontre pour l’attribution et le financement de la revalorisation salariale.

La CNAF est un partenaire important ; nous entretenons avec elle, des relations de confiance. La préparation de la prochaine COG est propice à formuler des propositions. Afficher des ambitions de services aux familles, sans traiter la question des recrutements et des salaires, risque, sinon, de se solder rapidement par un échec.

J’évoquais à l’instant l’assemblée des maires de France ; les départements sont évidemment aussi des acteurs essentiels : nous allons prendre attache de leur assemblée d’élus, l’ADF, pour les alerter.

Par ces différents leviers, en nous appuyant sur vos contributions, nous entendons agir concrètement.

Troisièmement : c’est l’ensemble des secteurs et des métiers concourant au lien social qui doit faire l’objet d’une meilleure reconnaissance.

Aujourd’hui, dans la logique du Ségur appliqué au sanitaire, les personnels administratifs et des services-support ne peuvent pas bénéficier de l’indemnité de 183€ . En effet, le gouvernement a fondé cette revalorisation non pas sur une question de pouvoir d’achat ou de niveau général des salaires, mais sur le problème de l’attractivité des métiers de l’accompagnement.

Mais cette situation est vécue comme une injustice au sein des services, elle génère de la frustration, a fortiori dans le contexte d’une inflation croissante.

Il est évident que la reconnaissance des professions, tout comme la question de la classification des emplois, relèvent d’une convention collective unique. Nous comprenons l’impatience des professionnels ; je dirais même que nous la partageons pleinement.   

L’absence au sein des conventions collectives, des délégués et des mandataires, ainsi que des médiateurs familiaux contribue à leur sentiment d’absence de reconnaissance.

Il est temps que les partenaires sociaux engagent une négociation évoquée depuis de trop nombreuses années.

Le 18 février dernier, l’Etat s’était engagé à financer la convergence des conventions collectives à hauteur de 500 millions d’euros.

Il est indispensable que les partenaires sociaux travaillent sur les grilles de classification, sur la valorisation des compétences, le déroulement des carrières, la formation professionnelle, la qualité de vie au travail. L’attractivité des métiers ne repose pas que sur les questions salariales.

Nous avons proposé aux responsables de NEXEM d’apporter notre expertise sur les métiers au service des familles et des personnes vulnérables, pour faire avancer ce dossier. Pour convaincre les pouvoirs publics de financer ces évolutions, il faut argumenter et documenter la situation.

Nous proposons de mettre en place un groupe de travail avec les directions d’Udaf pour réfléchir ensemble sur des propositions, à partir des données chiffrées de vos services. Elles nous permettraient d’alimenter les comités de filière de la petite enfance et du soutien à la parentalité, ainsi que les négociations avec la Cnaf à l’occasion de l’élaboration de la nouvelle COG Etat/Cnaf.

Pour les autres métiers, dont ceux de la PJM, nous continuerons à agir avec le concours des Udaf, en lien avec l’interfédération qui nous lie à la Fnat et l’Unapei, et là aussi sommes preneurs de vos propositions.

Enfin, lorsque la composition du nouveau gouvernement sera arrêtée, nous saisirons les ministres concernés.

Je terminerai en rebouclant sur l’actualité politique.

L’Assemblée nationale a été profondément renouvelée et peut-être son rôle sera-t-il renforcé.

Il vous appartient de contacter vos nouveaux députés, de leur proposer une rencontre, de relayer les besoins des familles, mais aussi vos difficultés.

Avec vous, nous avons élaboré un document recensant 50 propositions pour cette nouvelle législature. Nous vous l’avons envoyé avec un diaporama type. Nous vous donnons rendez-vous le 30 juin autour d’un webinaire destiné à vous en faciliter l’appropriation, et pour vous permettre de le compléter par des données propres à vos territoires.

Notre revendication sur les prestations familiales est urgente et prioritaire. Relayée par vos soins, elle sera d’autant plus entendue.

Mais nous devons aussi montrer que nous sommes porteurs de solutions sur un champ plus large : conciliation vie familiale -vie professionnelle, vieillissement, logement, santé, séparations, cohésion sur les territoires.

Je compte sur vous pour relayer ces propositions.

Merci encore pour votre mobilisation pour les familles et pour ceux qui en ont le plus besoin.